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La toute première réunion de la Coalition pour la santé mentale de l’OMS met l’accent sur la résilience des Ukrainiens et les mesures concrètes à prendre pour faire évoluer la situation

18 mai 2022
Communiqué de presse
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La toute première réunion de la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale, un nouveau réseau d’organisations et de personnes dont l’objectif est de transformer les systèmes de santé mentale dans la Région européenne de l’OMS, a commencé par un débat sur la manière dont l’OMS soutient la santé mentale des populations en Ukraine et dans les pays voisins.

Cet événement, organisé les 4 et 5 mai, a débuté par une séance d’information d’une heure animée par des experts de l’OMS et des praticiens de la santé mentale apportant leur soutien à l’Ukraine. Une attention particulière a été accordée à cette occasion aux efforts extraordinaires actuellement déployés en vue de maintenir le système de santé mentale ukrainien et de répondre aux besoins de santé mentale de la population ukrainienne, ainsi que des réfugiés fuyant vers les pays voisins.

La guerre en Ukraine affecte la santé mentale de millions de personnes en les exposant directement à la violence et aux atrocités, et en entraînant le déplacement de populations et la séparation des familles. Le système de santé ukrainien a subi un impact similaire, l’OMS ayant enregistré plus de 200 attaques contre les soins de santé depuis le 24 février. 

« La guerre qui sévit depuis plusieurs semaines en Ukraine a créé un climat d’incertitude, d’insécurité, de tristesse et de perte incalculables. En raison des attaques menées contre les soins de santé, d’innombrables personnes se trouvent désormais sans espoir et sans accès aux services. L’insécurité alimentaire et les problèmes de sécurité en général sont omniprésents en Ukraine et dans les pays voisins. Les hostilités entraînent des pertes incommensurables en vies humaines et en moyens de subsistance, des déplacements forcés ainsi que la séparation des familles », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

« Le système ukrainien de santé mentale, renforcé depuis plusieurs années à la suite de l’initiative spéciale de l’OMS sur la santé mentale, est déjà en train de réagir par la formation à grande échelle de bénévoles, la promotion d’outils pour l’autoadministration de soins et le soutien aux plus vulnérables dans les établissements de ce pays déchiré par la guerre », a-t-il ajouté. 

« Il n’y a pas un garçon, une fille, une femme ou un homme qui ne subit pas les effets de la crise actuelle », a expliqué Alisa Ladyk-Bryzghalova, administratrice nationale au bureau de pays de l’OMS en Ukraine. « Et nous, l’OMS, nous efforçons d’aider autant que possible les populations à surmonter les conséquences de la crise sur leur santé mentale. » 

Mme Ladyk-Bryzghalova et son collègue, Fahmy Hanna, conseiller technique au Département de la santé mentale et des troubles liés à la consommation de substances psychoactives de l’OMS, se sont adressés par message vidéo après une frappe aérienne qui a perturbé les services Internet à Lviv. 

Une Coalition « vitale » pour faire progresser la santé mentale

Prenant la parole au cours de la réunion, Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire, a déclaré que la guerre en Ukraine « aggrave les défis déjà existants en matière de santé mentale », la majorité de ces défis étant d’ailleurs apparus durant la pandémie de COVID-19. « Et c’est la raison pour laquelle cette Coalition est tellement vitale. »

La satisfaction des besoins de santé mentale des populations en période de crise constitue un domaine d’activité essentiel pour la Coalition, et l’un des 6 programmes de travail examinés pendant 2 jours par plus de 150 participants, dont des représentants de pays, des membres d’organisations non gouvernementales internationales, des experts en santé mentale et des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale. 

Ces programmes de travail visent à faire de la santé mentale non pas un simple secteur du système de soins de santé, mais un secteur indispensable au bon fonctionnement de la société, dans le cadre d’un soutien apporté sur les lieux de travail, dans les écoles et les communautés, ainsi qu’aux personnes de tous les âges et à tous les groupes. D’une manière plus concrète, les membres de la Coalition s’emploient à recenser les bonnes pratiques et les outils, puis à fournir un cadre permettant d’adapter facilement ces pratiques à des contextes et des cultures spécifiques.

« Notre objectif devrait être l’élaboration d’un plan européen totalement inclusif qui inciterait les États membres à favoriser l’adoption d’une nouvelle approche du concept de santé mentale », a expliqué Stelios Kympouropoulos, membre du Parlement européen. Il a demandé que la santé mentale devienne une priorité politique pour tous les gouvernements, assortie « d’un investissement financier significatif au niveau de la recherche scientifique et des ressources humaines ». 

La séance d’information sur l’Ukraine a montré qu’un système de santé mentale bien planifié, composé de professionnels et de bénévoles bien formés et motivés, peut perdurer même dans les circonstances les plus désastreuses. Oleksii Kostiuchenkov, psychiatre de l’Équipe de santé mentale communautaire de l’oblast de Donetsk en Ukraine, a évoqué la capacité d’adaptation de son équipe malgré les évacuations à grande échelle de patients souffrant de troubles mentaux. « Nous continuons à consulter nos patients en ligne et par téléphone », a-t-il expliqué. Natalia Morhun, un médecin de famille de la même région qui met en œuvre le Programme d’action Combler les lacunes en santé mentale de l’OMS, a ensuite pris la parole. 

Dans les jours qui ont suivi l’éclatement de la guerre, l’OMS/Europe a déployé une équipe de professionnels de la santé mentale en Ukraine et dans les pays voisins afin de mettre en place et de diriger des groupes de travail chargés d’assurer la coordination avec les autorités et les autres organisations d’aide, dont l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Ces partenaires ont collaboré pour apporter aux survivants une aide à la santé mentale et ce, sous toutes ses formes, allant de la sécurité de base et du soutien familial aux services spécialisés pour les personnes souffrant de graves problèmes de santé mentale. Mme Ladyk-Bryzghalova a mis en avant un programme de gestion du stress que l’OMS a organisé conjointement avec les ministères ukrainiens de la Santé et de la Politique sociale. 

L’espoir d’un changement et la détermination à mener ce changement à bien n’ont cessé d’être évoqués pendant la séance d’information sur l’Ukraine et les débats engagés lors de la réunion de 2 jours de la Coalition, réunion au cours de laquelle les membres se sont d’ailleurs rassemblés en petits groupes pour entamer l’élaboration du contenu des programme de travail. Il est prévu de tester certains de ces programmes dans plusieurs pays d’ici la fin de l’année.